Le 16 décembre prochain, Marrakech vibrera au rythme d’une soirée mémorable, où l’Afrique du football couronnera son meilleur ambassadeur pour le compte de l’année 2024. Trois noms, trois trajectoires, trois symboles de l’excellence africaine se disputent le titre tant convoité du Ballon d’Or africain 2024 : Simon Adingra, Ademola Lookman et Serhou Guirassy. Si l’honneur est partagé entre ces trois finalistes, la réalité du terrain semble élever deux figures en particulier : Lookman et Guirassy, deux hommes aux performances stratosphériques.
Simon Adingra : l’étoile ivoirienne ternie par des vents contraires
Simon Adingra incarne le paradoxe de cette édition. Éclatant sur la scène continentale, il fut l’un des héros de la Côte d’Ivoire lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations. Dans une finale inoubliable, ses deux passes décisives d’une précision chirurgicale ont offert aux Éléphants un titre qui fuyait leurs filets depuis 2015. Élégant, imprévisible et percutant, Adingra a illuminé les cieux africains, au point d’être sacré meilleur jeune joueur du tournoi.
Mais derrière cette épopée se cache un visage plus sombre, celui d’une carrière en club plongée dans les turbulences. Déjà en difficulté la saison dernière sous les couleurs de Brighton, où il n’avait marqué que six fois et délivré une unique passe décisive en 31 apparitions de Premier League, le jeune ailier ivoirien semble désormais s’enliser sous les ordres du nouvel entraîneur, Fabian Hürzeler. Relégué au rôle de remplaçant, Adingra n’a inscrit qu’un but et signé une seule passe décisive depuis le début de cette nouvelle saison. Ce contraste saisissant entre ses exploits internationaux et ses déboires en club pourrait gravement hypothéquer ses chances de triompher à Marrakech.
Ademola Lookman : l’artiste au sommet de son art
S’il est un nom qui résonne avec éclat cette année, c’est bien celui d’Ademola Lookman. Déjà adulé en Italie pour ses performances flamboyantes, l’ailier nigérian a ajouté une dimension européenne à sa légende en guidant l’Atalanta Bergame vers un sacre en Europa League. Lors de la finale, Lookman a étalé toute l’étendue de son talent en inscrivant un triplé magistral face au Bayer Leverkusen, scellant une victoire nette et sans bavure (3-0).
Sur le continent, Lookman n’a pas été en reste. Finaliste malheureux de la CAN avec le Nigeria, il a porté les Super Eagles avec trois réalisations qui ont confirmé son statut de joueur incontournable. Sa place dans l’équipe-type du tournoi vient couronner une année où régularité et efficacité furent ses maîtres-mots. En Serie A, il avait déjà laissé son empreinte la saison dernière avec 11 buts et 7 passes décisives. Et cette saison, l’artiste semble encore plus affûté : 9 buts et 5 caviars en seulement 15 rencontres toutes compétitions confondues. Pour le moins qu’on puisse dire, Lookman est tout simplement devenu un joueur de classe mondiale, capable de sublimer n’importe quelle compétition. Sa 14e place lors du dernier classement du Ballon d’Or France Football où il était d’ailleurs le seul africain parmi les 30 nommés ne peut que corroborer cette tendance.
Serhou Guirassy : l’artillerie lourde à l’assaut du trône
Face à Lookman, Serhou Guirassy incarne une toute autre philosophie du jeu. Là où le Nigérian excelle par sa créativité et sa polyvalence, le Guinéen impressionne par son efficacité clinique et son sens aigu du placement. Véritable renard des surfaces, Guirassy a fait parler la poudre tout au long de la saison dernière en Bundesliga, terminant avec 28 buts et 2 passes décisives en seulement 28 rencontres sous les couleurs de Stuttgart, faisant de lui le deuxième meilleur buteur du championnat juste derrière l’intouchable Harry Kane.
Bien que sa CAN ait été marquée par une blessure frustrante qui l’a limité à deux apparitions anonymes, Guirassy a su rebondir avec éclat. Transféré cet été au Borussia Dortmund, il n’a pas mis longtemps à s’adapter au géant allemand. Avec 9 buts et 3 passes décisives en 14 matchs toutes compétitions confondues cette saison, il prouve une fois de plus qu’il est une arme offensive redoutable. Certes, il n’a remporté aucun titre cette année, mais ses performances individuelles, portées par une régularité à toute épreuve, le placent parmi les favoris légitimes pour le Ballon d’Or africain.
Un sacre entre créativité et efficacité
Si Simon Adingra peut espérer une reconnaissance pour son rôle de héros national, la véritable bataille semble se jouer entre Ademola Lookman et Serhou Guirassy. Lookman séduit par son éclat artistique, son influence dans les grands rendez-vous et sa capacité à transcender le collectif. Guirassy, quant à lui, impressionne par son pragmatisme, sa régularité et une force de frappe qui transcende les défenses adverses.
Une chose semble certaine, le Ballon d’Or africain 2024 promet d’être un hymne à la diversité du football continental, célébrant à la fois le talent brut, la créativité et la résilience. À Marrakech, l’Afrique élira son roi, lequel succédera à Victor Osimhen, et quel que soit le vainqueur, ce sacre marquera à coup sûr un jalon dans l’histoire de ce sport qui unit tant de passions.